La différence fondamentale entre la fraternité et l’amitié est que la première suppose l’appartenance à un même père. On choisit ses amis, on reçoit ses frères. La relation amicale ne dépend que de la volonté des amis qui peuvent la rompre s’ils le décident. La fraternité, en ce qu’elle prend sa source dans une filiation qui dépasse la relation purement horizontale, est indestructible. Ce n’est pas un hasard si la fraternité occupe une place aussi importante dans la vie et l’œuvre de saint François.
Les frères se présentent à François avant tout comme un don de Dieu. Un cadeau inattendu et, à vrai dire, non indolore, car ils apportent une situation nouvelle qui le force à demander l’aide du Seigneur, car personne ne sait lui dire quoi faire. Ils ne sont pas notre conquête, les frères, et ils ne sont pas non plus comme nous le souhaiterions. Ils sont l’œuvre vivante du Créateur offerte gratuitement à chacun d’entre nous. Ils sont donnés, précisément, et nous ne pouvons donc pas les choisir ou les posséder, mais seulement les accueillir et les aimer tels qu’ils sont, avec leurs faiblesses et leurs différences. Ces différences, et parfois ces dissonances, seul le Seigneur peut les recomposer en fin de compte parce que, comme le dit le Pape François, l’harmonie n’est pas faite par nous, mais par l’Esprit Saint.
Pour St François, prendre soin des autres comme soi-même devient la voie et l’espace privilégié de l’évangélisation. Il ne peut donc pas y avoir un frère qui se retire dans un état d’isolement. Ce serait un contre-sens, un contre-témoignage. Pour le saint, en effet, l’amour pour le Père grandit autant que l’amour pour le frère au visage duquel se trouvent les traits du Créateur. Un amour qui, chez François, s’étend jusqu’à devenir cosmique car la fraternité devient une étreinte envers toute créature : même le Soleil est appelé frère et la Lune sœur, etc…
Père Augustin
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