L’Église, de par sa nature, est missionnaire. Elle est envoyée dans le monde pour communiquer et accomplir le plan salvifique de Dieu ébauché depuis la création. « Si le Verbe de Dieu a voulu se servir de notre nature pour racheter l’homme par ses souffrances et ses tourments, il se sert de son Église au cours des siècles pour perpétuer l’œuvre commencée ». Ainsi, l’Église se charge de propager la Bonne nouvelle jusqu’aux confins du monde. Annoncer l’Évangile n’est pas pour l’Église, une chose facultative, c’est un impératif émanant de la volonté même du Christ-Tête pour réaliser le dessein du salut universel : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les nations » (Mc 16, 15).
En ces temps qui sont les derniers, l’Église se trouve devant les aréopages du monde post-moderne où l’évangélisation présente d’énormes difficultés. Le relativisme et la perte du sens du sacré sont à notre comble. Nous courons le risque d’un effritement des vraies valeurs humaines, morales et chrétiennes. Nous nous enlisons dans l’engrenage du « je-m’en-foutisme ». Cette période de crise est, en effet, une nouvelle opportunité, un moment privilégié pour resserrer les liens de communion entre les fidèles. L’Église doit s’inscrire dans l’ordre d’un nouvel élan missionnaire qui consiste en une véritable conversion pastorale et une authentique pastorale de proximité. Une mission qui invite chaque baptisé à sortir de soi-même, de son confort, pour aller sur le terrain avec de nouvelles ardeurs vers les autres dans leurs divers milieux de vie. Il importe à chacun de planter sa tente au milieu des tentes du peuple éprouvé ; tente de la Parole et surtout celle du témoignage. Car, avant même d’être une action, la mission est un témoignage et un rayonnement.
L’homme contemporain croit davantage aux témoins qu’aux maîtres, et s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins, martèle le pape Paul VI. Ainsi, la mission de l’Église dans le monde d’aujourd’hui ne requiert pas seulement de grandes stratégies pastorales mais aussi et surtout d’authentiques témoignages personnels et communautaires. Dans les nouveaux chemins de la mission, chaque chrétien a sa quote-part à apporter ; laissant ainsi tomber tout indifférentisme et toute passivité à l’engagement. Comme disciples et missionnaires, nous avons un grand champ à moissonner. Nous avons le devoir et même l’obligation de tenir nos lampes allumées sous le boisseau du monde et de donner du goût à ce monde. Nous sommes « le sel de la terre et la lumière du monde » (Mt, 5, 13-14).
Somme toute, nous n’avons rien à craindre en réalité aux défis du temps présent. C’est l’Esprit Saint qui est le protagoniste de toute l’activité missionnaire de l’Église. C’est lui qui réchauffe, dynamise et fait de nous des témoins authentiques (Ac, 1, 8). Aussi, Jésus a-t-il dit: « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Le Christ est toujours à l’œuvre dans l’Église par son Esprit et nous procure constamment audace, courage et suscite de diverses manières, zèle et lumière sur les nouveaux chemins de la mission. Sans l’Esprit Saint, l’Église s’embarque à l’aventure d’une campagne vide et sans importance et est vouée à l’échec. Sous la mouvance de l’Esprit Saint, elle assume en revanche sa mission, garde sa fraîcheur d’épouse fidèle et garantit l’unité de ses membres. « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison, les bâtisseurs travaillent en vain. » (Ps 126). Laissons-nous donc configurer au Christ par l’Esprit Saint afin d’être de vrais disciples et missionnaires dans l’aujourd’hui de la mission de l’Église. Avançons au large !
Abbé Kedeschmy
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