Cinq dimanches
pour présenter les sacrements
En mai, nous vous avons proposé les ‘Chroniques du cénacle’, avec les dons et les fruits de l’Esprit saint. Maintenant nous vous proposons les 7 sacrements.
Dimanche 13 décembre
Onctio Infirmatorum
ou la Miséricorde envers les malades
« Étant partis, les Douze prêchèrent qu’on se repentît ; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d’huile à de nombreux infirmes et les guérissaient. » (Mc 6, 12)
La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent de la vie humaine[1]. C’est en réponse à notre questionnement existentiel sur la souffrance et la maladie qui marquent nos vies, que le Christ entend donner à ses disciples la mission de guérir : « En chemin, proclamez que le règne de Dieu s’est approché […], guérissez les malades, ressuscitez les morts » (Mt, 10, 6).
En guérissant certains d’entre eux, Jésus montrait à tous sa sollicitude. Retourné près du Père, il ne les abandonne pas ; au contraire, sa compassion envers ceux et celles qui souffrent va si loin qu’il s’identifie avec eux : « J’ai été malade et vous m’avez visité » (Mt 25,36). Incontestablement, le Christ confie aux hommes et à l’Église le devoir de guérir. Ce devoir nous concerne tous, comme l’a si bien noté Benoit XVI : « La vie de l’homme est un don de Dieu, que nous sommes tous appelés à toujours protéger ». L’Écriture elle-même nous y incite : « Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Église et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis. » (Jc, 5, 13-15).
Cette onction des malades qui existe depuis les temps apostoliques est recommandée et promulguée donc par la lettre de saint Jacques comme un rituel spécifique pour les malades de la communauté chrétienne, accompli par les prêtres (presbytres). Il convient de bien comprendre ce passage, qui nous montre le sens profond du sacrement qu’on appelait autrefois « Extrême-onction ».
Selon la Constitution liturgique « Sacrosanctum concilium », premier document promulgué par le concile Vatican II, l’Église a voulu donner une application plus large de ce sacrement : « “L’extrême-onction”, qu’on peut appeler aussi et mieux l’Onction des malades n’est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à la dernière extrémité. Aussi, le temps opportun pour le recevoir est déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence à être en danger de mort par suite d’affaiblissement physique ou de vieillesse. » (Art. 73). En se référant à la lettre de saint Jacques, la Constitution sur l’Église (Lumen Gentium) ajoute : « Par l’Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve librement à la passion et à la mort du Christ, à apporter leur part pour le bien du peuple de Dieu » (art.11).
Selon ce qui est indiqué par saint Jacques :
Seul le prêtre possède, avec l’évêque, a le pouvoir de conférer le sacrement en imposant les mains et en faisant les onctions. Le geste de l’imposition des mains renvoie peut-être à la prescription de Jésus à ses disciples avant son Ascension : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : […] ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci seront écrits. » (Mc, 16, 17 et 18).
L’Onction se fait avec l’huile des malades consacrée par l’évêque lors de la messe chrismale.
Lorsque c’est possible, l’onction est précédée du sacrement de Réconciliation suivi de l’Eucharistie qu’elle soit intégrée dans une messe, ou alors que le malade communie seulement, comme c’est le cas pour le viatique : « À ceux qui vont quitter cette vie, l’Église offre, en plus de l’Onction des malades, l’Eucharistie comme viatique[2] ». Cette pratique a pour but de faire rentrer pleinement le chrétien dans l’amour de Dieu qui se joint à lui dans sa souffrance afin de lui procurer une force intérieure, selon la promesse du Christ : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn, 6, 54)
Le prêtre fait les onctions sur le front et les mains en disant :
« N…, par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’Il vous sauve et vous relève. »
Si la réconciliation sert à purifier les cœurs, l’onction des malades à guérir les corps. Ces deux dimensions sont bien indiquées par saint Jacques : « La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis ». L’Onction des malades ne se substitue pas à la Pénitence, mais la complète. « Nous sommes guéris spirituellement par la Pénitence. Spirituellement et corporellement, selon ce qui convient à l’âme, par l’Extrême-Onction. » (Concile de Florence, 1439). En fin de compte, ce sacrement est un don particulier de l’Esprit Saint qui aide à envisager l’épreuve plus sereinement : réconfort, paix, courage.
Père Kedeschmy
[1] Catéchisme de l’Église catholique, n. 1500.
[2] Ibid., n .1524.
Dimanche 6 décembre
L’orfèvre et le potier de nos vies, Dieu :
l’éternel artisan qui nous restaure…
Nos objets de valeurs, vases en or, vases en cuivre, en argile et autres, auxquels nous sommes attachés, sont soigneusement gardés à des endroits sûrs de nos maisons. Ils évoquent en nous pleins de souvenirs. Lorsqu’il nous arrive de constater sur eux, des fissures ou des taches qui pourraient entacher l’éclat de leur beauté, nous les portons dans des orfèvreries ou dans des poteries pour les faire restaurer. L’orfèvre ou le potier, a l’art de nous fabriquer ou de nous restaurer nos trésors et en faisant ceci, l’artisan ramène en vie l’objet qui était à moitié mort, cette restauration est une forme de résurrection.
Il arrive à nos vies d’être spirituellement blessées ou défigurées, et quelques fois atteintes de laideurs spirituelles. Pour les guérir, les restaurer et les ressusciter, il nous faut le divin artisan, Jésus Christ en qui la plénitude de l’amour et de la miséricorde de Dieu nous est donnée ; il est le seul médecin qui nous guérit de nos maux spirituels et qui prend véritablement soins de nous. Il est celui que le Pape François nomme la seule issue. « Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est Jésus, le véritable Bon Samaritain que nous devons imiter dans nos relations à Dieu et avec le prochain » (Fratelli tutti, 67). Oserons-nous porter nos vies avec leurs qualités, leurs blessures et leurs fragilités dans l’orfèvrerie et la poterie de Dieu ? C’est le Sacré Cœur de Jésus ! Dans ce Cœur miséricordieux, Dieu nous rejoint, nous tend la main et nous relève ; il prend soins de nous et nous guérit spirituellement. Ce sacrement nous donne de faire l’expérience de la joie de la résurrection. Le sacrement de réconciliation, nous fait goûter à la bonté de Dieu qui ne nous juge pas comme dans un tribunal. Jésus attend que nous lui présentions nos vies qui ont du prix à ses yeux, il est prêt à les transformer, les restaurer et à leur faire connaître la résurrection. A l’image de nos objets d’arts en or doré, en cuivre argenté, en céramique ou en porcelaine qui, pour être restaurés, reçoivent des touches des mains de l’orfèvre ou du potier, abandonnons-nous aux touches et aux effets de la grâce sacramentelle pour qu’il travaillent, et restaurent en nous ce qui est blessé et dont l’éclat est terni par le péché.
Dans le sacrement de réconciliation, Dieu dont l’amour est miséricordieux nous restaure et ressuscite nos vies. Jésus dit un jour : « Un homme avait deux fils… ». Nous connaissons la suite de la parabole de l’enfant prodigue, (Lc 15, 11-32). Elle révèle l’histoire de chacun ou chacune d’entre nous et aussi la tendresse de Dieu à notre égard. C’est toujours la fête pour Dieu quand il retrouve un enfant perdu… Suis-je prêt à entreprendre une démarche vers lui ? Si oui, le sacrement de réconciliation est là pour me remettre en pleine amitié avec Dieu et mes frères.
Le plus important ne consiste pas à dresser un catalogue complet de mes fautes… mais de reconnaître combien l’amour de Dieu enveloppe toute ma personne et toute ma vie. La confession de mes péchés ne se limite pas à un coup d’éponge sur ma conscience ; pour moi, il s’agit bien davantage de croire en la merveilleuse bonté de Dieu et d’en pénétrer mon cœur le plus possible. Dans le sacrement, Jésus Christ vient à ma rencontre ; je lui dis mes faiblesses, il me donne la force de son Esprit et restaure mon cœur brisé. Jésus agit de la même manière dans le sacrement de l’onction, il restaure la vie en nous, s’unit à nos souffrances et porte avec nous nos fardeaux. Il y a quelques années, un fidèle me demandait : comment se préparer pour bien vivre le sacrement de réconciliation ? Pour lui répondre, je lui avais parlé d’une expérience que j’avais faite : un jour j’avais reçu quelqu’un en confession à Lourdes qui me disait : « bénissez moi père, je n’ai pas péché, je suis venu juste parce que j’ai senti le besoin de venir au Seigneur ». Il n’a pas de péchés mais, sentait le besoin de venir au Seigneur. J’ai loué sa démarche, cependant je lui demandais : vivez-vous des relations à autrui ? Avez-vous une fois expérimenté une situation où vous avez blessé une relation, ou avez-vous été blessé une fois dans une relation? Je concluais, en disant ceci : le péché touche nos relations et affecte la charité ; blesser une relation ou manquer à la charité, c’est pécher. Pour cette raison, se préparer à vivre fructueusement ce beau sacrement, impliquerait une évaluation sur notre relation avec Dieu, avec nous-mêmes et avec nos frères. Une telle démarche constituerait pour nous, de faire un bilan sur la qualité de nos relations et sur notre rapport à la charité. Disons, tout ce qui blesse la personne de l’autre, nécessite d’être pardonné par Celui que nous pouvons blesser en blessant l’homme, Dieu.
Père Désiré Coovi Atinkoukou
Dimanche 29 novembre
Mariage – Ordre
Après avoir lus des notions sur l’eucharistie, puis sur le baptême et la confirmation dans les semaines passées, nous vous proposons aujourd’hui la lecture de ces deux sacrements que nous appelons “sacrements des états de vie”, à savoir le mariage et l’ordre.
- Le mariage
Souvent considérés comme engagés l’un vis-à-vis de l’autre, en privé, beaucoup de couples désirent cependant prendre cet engagement (de consentement mutuel) “devant Dieu”. Dieu n’est pas seulement un témoin privilégié, il s’engage lui aussi, auprès d’eux, dans l’alliance qu’ils font ensemble, et ensemble avec lui. Le sacrement de mariage sanctifie l’union d’un homme et d’une femme et situe l’amour des époux au cœur de l’amour de Dieu pour l’humanité (can. 1057).
C’est un engagement pris devant Dieu. La dignité de cet engagement s’articule sur quatre piliers que scelle l’échange des consentements : la liberté, la fidélité, l’indissolubilité et la fécondité (can. 1056). Chacun des fiancés doit être pleinement libre de son engagement. Les conjoints se promettent fidélité et cette promesse est source de confiance réciproque.
Le mariage tient d’emblée une place importante dans l’Église, au début de la Genèse, dans le récit de la création. Il est présenté comme la volonté de Dieu, unissant l’homme et la femme qui ne forment plus qu’une “seule chair” (Gn 2,18.22-24). Le mariage est une réalité naturelle, c’est-à-dire de l’ordre de la création, pleinement conforme à ce qu’est l’homme, en cela parfaitement universelle et intemporelle.
Cette volonté divine est évoquée explicitement par le Christ dans les évangiles (Mt 19,1-9; Mc 10,1-12; Lc 16,18). Le premier miracle du Christ s’est fait au cours d’un mariage, à Cana (Jn 2,1-12), inaugurant une nouvelle institution divine du mariage, cette fois-ci dans l’ordre de la grâce.
Le mariage, pour les baptisés, est présenté par l’Église comme un sacrement, réalisant en leur chair l’alliance irrévocable de Dieu et de l’humanité, du Christ et de l’Église (can. 1055). Saint Paul exprime bien dans sa lettre aux Ephésiens cette union surnaturelle ; “voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église” (Ep 5,31-32).
Comme tout sacrement, le mariage est une rencontre avec Dieu à partir d’une réalité humaine vécue, en l’occurrence la communion d’amour entre un homme et une femme, qui se fonde sur le oui de l’engagement. Ce n’est pas seulement ce oui, mais toute la vie des époux qui devient le lieu de rencontre avec Dieu. C’est la vie conjugale, l’échange mutuel des époux dans la durée de leurs existences conjuguées qui est la matière du sacrement et non seulement le oui initial.
L’engagement dans la durée participe à un ajustement personnel et de couple qui se fait progressivement. L’écoute, un véritable dialogue, l’amour gratuit – reçu, donné sans attente – participe à une dynamique de croissance. L’homme et la femme évoluent alors de plus en plus et de mieux en mieux vers ce qu’ils sont véritablement.
Les conjoints ne sont pas les seuls sujets du mariage, le sacrement est aussi un acte de l’Église elle-même qui, à travers lui, s’engage, se reconnaît et se construit. La mission du couple s’étend au-delà des quatre murs d’appartement. Le couple et la famille en tant que tels ont une mission vers l’extérieur : accueil, témoignage, entraide, liturgie, catéchèse, etc. Du corps des époux au corps familial et de celui-ci au corps ecclésial et social, la dynamique du sacrement est aussi une dynamique d’intégration et de service.
Entre le mariage humain et l’Alliance divine a lieu un va-et-vient. Le mariage révèle un aspect de Dieu et Dieu révèle la vérité du mariage. L’alliance et l’Alliance s’éclaircissent mutuellement.
- L’ordre
Au sein de l’Église catholique, le service de la communauté est assuré plus particulièrement par les évêques, les prêtres et les diacres, que l’on appelle “ministres ordonnés”. Leur mission dans l’Église leur est confiée, au nom de Jésus-Christ, par le sacrement de l’ordre, généralement appelé “ordination”. Le sacrement de l’ordre se caractérise par l’imposition des mains et la prière prévue. Le sacrement est conféré une fois pour toutes. Le ministre ordonné manifeste à tous que c’est le Christ qui appelle, rassemble et envoie sur les chemins du monde.
Saint Paul dit à son disciple Timothée : “Je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en toi par l’imposition de mes mains” (2 Tm 1, 6), et “celui qui aspire à la charge d’évêque, désire une noble fonction” (1 Tm 3, 1). À Tite, il disait : “Si je t’ai laissé en Crète, c’est pour y achever l’organisation, et pour établir dans chaque ville des presbytres, conformément à mes instructions” (Tt 1, 5) [1] .
Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au baptême, tous les fidèles participent au sacerdoce du Christ. Cette participation s’appelle “sacerdoce commun des fidèles”. Sur sa base et à son service existe une autre participation à la mission du Christ ; celle du ministère conféré par le sacrement de l’ordre, dont la tâche est de servir au nom et en la personne du Christ-Tête au milieu de la communauté.
Le sacerdoce ministériel diffère essentiellement du sacerdoce commun des fidèles parce qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de Dieu par l’enseignement (munus docendi), le culte divin (munus sanctificandi) et par le gouvernement pastoral (munus regendi) [2].
Depuis les origines, le ministère ordonné a été conféré et exercé à trois degrés : celui des évêques, celui des presbytres et celui des diacres. Les ministères conférés par l’ordination sont irremplaçables pour la structure organique de l’Église : Sans l’évêque, les presbytres et les diacres, on ne peut parler d’Église (cf. S. Ignace d’Antioche).
L’évêque reçoit la plénitude du sacrement de l’ordre qui l’insère dans le collège épiscopal et fait de lui le chef visible de l’Église particulière qui lui est confiée. Les évêques, en tant que successeurs des Apôtres et membres du collège, ont part à la responsabilité apostolique et à la mission de toute l’Église sous l’autorité du pape, successeur de Saint Pierre [3] .
Les prêtres sont unis aux évêques dans la dignité sacerdotale et en même temps dépendent d’eux dans l’exercice de leur fonctions pastorales ; ils sont appelés à être les coopérateurs avisés des évêques ; ils forment autour de leur évêque le ” presbyterium ” qui porte avec lui la responsabilité de l’Église particulière. Ils reçoivent de l’évêque la charge d’une communauté paroissiale ou d’une fonction ecclésiale déterminée [4] .
Les diacres sont des ministres ordonnés pour les tâches de service de l’Église ; ils ne reçoivent pas le sacerdoce ministériel, mais l’ordination leur confère des fonctions importantes dans le ministère de la Parole, du culte divin, du gouvernement pastoral et du service de la charité, tâches qu’ils doivent accomplir sous l’autorité pastorale de leur évêque. Il y a des diacres en vue de la prêtrise et d’autres sont des diacres en vue du service (diacres permanents). Ces derniers sont pour la plupart de cas mariés. Nous sommes appelés à noter que l’ordination imprime un caractère sacramentel indélébile [5].
Dans l’Église latine, le sacrement de l’ordre pour le presbytérat n’est conféré normalement qu’à des candidats qui sont prêts à embrasser librement le célibat et qui manifestent publiquement leur volonté de le garder pour l’amour du Royaume de Dieu et du service des hommes.
Il revient aux évêques de conférer le sacrement de l’ordre dans les trois degrés.
Père Augustin Dawili Mandaolo
[1] CEC, 1590
[2] CEC, 1592
[3] CEC, 1594
[4] CEC, 1595
[5] CEC, 1598
Dimanche 22 novembre
Baptême – Confirmation
Formant avec l’eucharistie le triptyque des sacrements de l’initiation chrétienne, le baptême et la confirmation sont « un grand et unique événement sacramentel qui nous configure au Seigneur et fait de nous un signe vivant de sa présence et de son amour » (Pape François, Audience générale du 8 janvier 2014).
Dérivé du grec baptizein qui signifie immerger, le baptême nous plonge dans la mort et la résurrection du Christ. Nous prenons part ainsi au mystère de la Rédemption sur la croix. Il s’agit de mourir au péché pour entrer dans la vie même de Dieu[1]. Revêtus du Christ (Ga 3, 27), nous sommes appelés à mener la vie nouvelle des enfants de lumière. Par la grâce de ce « bain de la régénération et de la rénovation en l’Esprit Saint » (Tt 3, 5), nous devenons pleinement enfants de Dieu, c’est-à-dire fils et filles dans le Fils unique de Dieu. De ce fait, nous sommes incorporés, — littéralement greffés au Corps du Christ qu’est l’Église.
À cette nouvelle identité est rattachée une triple dignité royale, sacerdotale et prophétique, signifiée par l’onction du saint-chrême. Par le baptême, nous participons à la royauté du Christ qui s’est fait serviteur de tous. Notre sacerdoce baptismal consiste en une offrande de notre vie comme un sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu (Rm 12,1). Et le caractère prophétique de notre existence est vérifiée lorsque notre vie devient un Évangile vécu.
La grâce du baptême ne nous confère pas seulement un nouvel être dans le Christ, mais elle nous prépare aussi à une mission, celle d’être conformes à ce que nous sommes devenus. Pour cela nous avons besoin du don de l’Esprit Saint afin de vivre en enfants de Dieu et témoigner de l’amour du Seigneur en ce monde. Tel est le sens de la Confirmation.
La confirmation est le sacrement par l’entremise duquel le Saint Esprit vient nous cum-firmare, c’est-à-dire rendre ferme avec sa grâce. Autrement dit, c’est le sacrement qui affermit en nous la grâce baptismale. Par l’imposition des mains et l’onction du saint chrême, l’Esprit Saint donne au confirmé d’assumer sa foi et d’en porter témoignage par sa vie. En effet, « par la Confirmation, les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont oints, participent davantage à la mission de Jésus Christ et à la plénitude de l’Esprit Saint dont Il est comblé, afin que toute leur vie dégage ‘la bonne odeur du Christ’ (2 Co 2, 15) [2]». Cette effusion spéciale de l’Esprit du baptisé-confirmé lui donne de pouvoir se mettre au service du Seigneur dans son Église en usant des dons et charismes propres à chacun.
On l’aura compris, les sacrements du Baptême et de la Confirmation, en communion avec celui de l’Eucharistie, font de nous des disciples-missionnaires du Christ dans son Église. Comme nous ne cessons jamais d’être disciples et missionnaires, nous avons constamment besoin que le Seigneur ravive en nous la grâce du Baptême et qu’il nous communique la force de son Esprit. C’est ma prière pour chacun(e) de celles et ceux qui lisent cette chronique.
Abbé Steve M. Niyonkuru
[1] Catéchisme de l’Église catholique, n.1239.
[2] Ibid., n. 1294.
Dimanche 15 novembre
Eucharistie, don quotidien de la Vie pour tous
En résumé : l’eucharistie est un témoignage au cœur de la foi, source de la communion et énergie pour la mission de tous les baptisés.
L’eucharistie, adoration et communion, est la source de la vie de l’Église
Sur l’autel, le sacrifice du Christ est offert pour le salut et la vie du monde. Au cours de la messe, nous sommes nourris de la Parole de Dieu et du Pain de vie. Chaque fois que nous célébrons la messe, nous participons au mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. En se donnant sur la croix et dans le pain rompu pour nous, – Pain de vie -, notre Seigneur vivifie notre cœur et notre existence pour vivre davantage en communion avec lui et avec nos frères… et la Parole de Dieu nous initie à ce mystère.
Or, comme l’écrivait le pape Benoît XVI lors d’une procession eucharistique de 7 juin 2012 : Si l’on concentre tout le rapport avec Jésus Eucharistie dans le seul moment de la Sainte Messe, on risque de vider de sa présence le reste du temps et de l’espace essentiels. Et l’on perçoit ainsi moins le sens de la présence constante de Jésus au milieu de nous et avec nous, une présence concrète, proche, au milieu de nos maisons, comme « Cœur palpitant » de la ville, du pays, du territoire et de ses différentes expressions et activités. Le Sacrement de la Charité du Christ doit pénétrer toute la vie quotidienne.
Rien ne nous séparera de l’amour du Christ : une vraie communion
Selon l’expression du même pape Benoît, le culte du Saint Sacrement constitue comme le « milieu » spirituel dans lequel la communauté peut célébrer l’eucharistie bien et en vérité.
L’adoration, devant le tabernacle ou devant le Saint-Sacrement exposé, qui précède, accompagne ou suit la messe ouvre dans notre âme une véritable vie intérieure. Cette vie spirituelle est une vie de confiance en Dieu que la célébration liturgique de l’eucharistie dans la messe va déployer dans un authentique désir de la communion avec Dieu et nos frères. C’est en même temps la lumière qui éclaire notre propre vie quotidienne et les décisions que nous avons à prendre pour nous mettre résolument au service de la fraternité universelle.
Je cite encore Benoît XVI : La rencontre avec Jésus dans la Sainte Messe se réalise vraiment et pleinement lorsque la communauté est en mesure de reconnaître que, dans le Sacrement, il habite dans sa maison, nous attend, nous invite à sa table, et puis, après que l’assemblée s’est dispersée, il reste avec nous, par sa présence discrète et silencieuse, et il nous accompagne de son intercession, en continuant à recueillir nos sacrifices spirituels et à les offrir au Père.
Ce que nous mettons en place dans nos paroisses
Dans l’action contemplative de l’adoration, tous, – du fait de notre sacerdoce commun de baptisés -, nous sommes prosternés devant le Sacrement de l’Amour. Tous nous sommes blottis contre notre Seigneur, le Maître et l’Ami.
Permettez-moi de donner ce témoignage d’un de mes frères prêtres :
Quelle est cette amitié, qui veut grandir, ou se consolider et durer, si les amis ne se donnent pas du temps, ne passent pas du temps ensemble et ne prennent pas du temps pour se donner de l’attention réciproque ?
[…] Beaucoup se demandent comment adorer le Très Saint-Sacrement, la seule présence réelle où Jésus est totalement présent sous l’apparence du pain. Nous n’avons pas à chercher une technique pour l’adoration, car on ne se casse pas la tête pour savoir comment rester avec un ami, il suffit de trouver du temps, de se donner du temps et de prendre son temps pour rester à ses pieds et s’imprégner de sa présence. Faire l’adoration, c’est passer du temps aux pieds de Jésus, le véritable Ami.
Je laisse la conclusion au pape Benoît : […] Hélas, s’il manque cette dimension, même la communion sacramentelle peut devenir, de notre part, un geste superficiel.
C’est pourquoi, dès maintenant et de façon pérenne nous continuons, rétablissons ou créons des temps d’adoration en maintenant les églises ouvertes et exposant le Saint-Sacrement. Lors des temps d’exposition, un prêtre est présent pour la confession :
Mercredi, de 16 h à 18 h, à Saint Pierre aux Louvrais, et à Ennery ;
Jeudi, jour de l’eucharistie, de 19 h 30 à 20 h, à Saint-Maclou ;
Vendredi, de 19 h à 20 h, à Saint Pierre ;
Samedi, de 10 h 30 à midi, à Saint Maclou ;
Dimanche, de 17 h à 18 h, à Notre Dame à partir du 29 novembre.
Je donne le dernier mot à la liturgie avec la prière de la Fête Dieu dite au salut du Saint-Sacrement : Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta Passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. Toi qui règnes pour les siècles des siècles. Amen.
Je vous propose de m’envoyer vos témoignages et votre expérience de l’adoration. En reprenant les éléments de ce texte et vos propres paroles j’entretiendrai dans la semaine un dialogue avec vous par une petite vidéo.
Tous les jours, devant Jésus Hostie je prie pour vous et pour notre monde !
Humblement vôtre,
Père Hughes
PS : Prochain dimanche, enseignement sur les sacrements du baptême et de la confirmation.
3 commentaires
Merci père Hughes pour ce premier petit enseignement sur les sacrements. Je suis particulièrement touché par ces mots du pape Benoit XVI : “Si l’on concentre tout le rapport avec Jésus Eucharistie dans le seul moment de la Sainte Messe, on risque de vider de sa présence le reste du temps et de l’espace essentiels”. Dans cette période de confinement pendant laquelle les catholiques souffrent de ne plus recevoir Jésus-hostie, nous pouvons trouver l’occasion de (re)découvrir la présence de Jésus : en lisant la parole de Dieu, en prenant un temps de prière, en prenant un temps pour ceux qui souffrent… Jésus est bien présent, et nous pouvons être des adorateurs devant cette présence humble et discrète de notre Seigneur.
Mais je suis heureux d’avoir des possibilités d’adorer devant le Saint Sacrement dans nos églises de Pontoise. J’aime ces moments-là, et pour moi, c’est un peu se tenir comme Saint Jean qui repose sa tête sur la poitrine de Jésus, un moment de tendresse et d’amitié avec celui qui nous aime et nous sauve malgré nos faiblesses.
l’adoration est pour moi le lieu de ressourcement et de repos en Dieu par excellence.
Dans le silence, je suis saisie par la contemplation de ce Dieu infiniment amour pour tous les hommes et aussi pour moi. Dans l’adoration silencieuse mais aussi parfois animée ce qui nous aide à prier, nous pouvons simplement être seul devant le Seul. C’est un grand moment, un coeur à coeur. Nous redécouvrons notre misère, notre petitesse, mais sommes plus encore saisis par la grandeur et la majesté de celui qui nous parle quand nous essayons humblement de nous mettre à son écoute. Le Schéma A comme Adorer, R remercier, D demander, O offrir et R prendre une petite résolution, m’aide à ne pas partir en “livre” pour rester auprès de Jésus comme au jardin des oliviers. C’est une expérience qui marque profondément les enfants et les jeunes quand on leur propose. Venez, adorons Le !
Confirmation, être ferme dans la Foi avec la grâce de L’Esprit Saint. Oui nous en avons besoin, particulièrement en ce moment où notre témoignage de chrétien en actes et en paroles a une grande importance et peut apporter beaucoup à notre monde dérouté.
Esprit Saint, souffle sur nous et envoie nous !