4ème dimanche de carême – Année A
Évangile selon saint Jean (Jn 9, 1-41)
« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois »
Par ses doigts Jésus malaxe sa propre salive avec de la poussière du sol. La conjoncture pourrait nous conduire à espérer que le produit de cette action corporelle de Jésus soit une panacée infaillible, un antidote à nos limites humaines. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas fabriqué des tonnes de boue pour la guérison physique de notre humanité aujourd’hui ébranlée par le monstre du Coronavirus ?
Loin des considérations thérapeutiques, la boue sur les yeux de l’aveugle-né revêt une évidente valeur symbolique autour de la conversion. Nous voici appelés à être des hommes et des femmes au cœur nouveau, des créatures nouvelles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jésus semble puiser l’action de la boue dans le livre de la Genèse. À la Création, Dieu avait en effet modelé l’être humain avec de la poussière du sol (Gn 2, 7).
En faisant usage de la boue, Jésus se révèle comme Celui par qui naît une humanité nouvelle et réconciliée avec Dieu, une humanité réconciliée avec elle-même comme l’illustrent les actions solidaires consécutives à la pandémie du Covid-19.
En faisant usage de la boue, Jésus renouvelle notre regard afin de le voir avec les yeux de la foi, même si le long tunnel du désarroi semble brouiller la perspective du relèvement.
Le peuple d’Israël n’avait-il pas récriminé contre Dieu et contre Moïse durant sa longue marche dans le désert ? L’amour vainqueur et le mystère pascal n’incluent-ils pas le scandale de la croix ?
En faisant usage de la boue, Jésus nous ouvre les yeux aux merveilles de son amour, afin que nous sachions percevoir sa discrète présence dans les situations les plus anxiogènes.
Présence de Jésus en période de confinement et de communion spirituelle.
Présence de Jésus au cœur de la rude solitude que vivent les personnes fragiles.
Présence de Jésus comme remède efficace contre toute cécité devant la souffrance de l’autre.
Présence de Jésus qui nous incite à prier : Seigneur, tu m’as mis de la boue sur les yeux, la boue de ta salive et du sol, la boue que tu as fabriquée avec ton propre corps. Dans les eaux du baptême je me suis lavé, et je vois. Tu m’as permis de contempler la lumière de ta face au plus fort de ma détresse. Donne-moi d’être à mon tour lumière pour notre monde englouti dans la nuit du désespoir.
P. Fred Olichet BIYELA
[Chant : Je t’attends, ô Seigneur, on dirait un veilleur. Je t’espère, ô mon Dieu, réponds-moi, ô mon Dieu (FOB, album « Paix dans le monde », Éditions du Signe)].
*************************************
Un commentaire