Le baptême du Seigneur est comme la troisième fête de Noël, après la Nativité et l’Épiphanie. Ces trois fêtes revêtent une même signification : elles nous disent la présence de Dieu dans le monde. Le Christ est venu nous dire qui est Dieu et nous apprendre à le trouver, à l’écouter, à le chercher. C’est le propre du discernement que d’être capable de dire : Dieu est là. Car la question se pose aujourd’hui comme à toute époque : où est Dieu ? Il semble absent, sourd, inactif. A contrario la tentation est grande de se débrouiller tout seul, de se replier sur soi, de consommer plus, de mettre notre confiance dans des choses matérielles… Comment discerner la présence de Dieu dans la société qui semble égoïste ? Dans ma vie qui paraît quelque fois ratée ? Autour de moi où personne n’a l’air de penser à Lui ? Discerner la présence de Dieu permet de mieux relever les nombreux défis de notre temps et du temps qui vient.
Trois critères peuvent être relevés dans ce récit du baptême de Jésus pour nous aider à comprendre comment Dieu est présent dans notre monde.
Premièrement, l’humilité de Jésus. Jean-Baptiste dit cette phrase étonnante : « je ne suis pas digne de m’abaisser ». on s’attendait à l’inverse : je ne suis pas digne de m’élever… Celui qui est digne de s’abaisser c’est le Christ. C’est lui en effet qui se glisse dans l’eau du Jourdain, qui se laisse faire. Dieu agit donc d’abord par humilité et non par violence ni par démonstration, autrement dit rendons-nous attentif à ce qui est humble plutôt qu’à ce qui brille, ce qui est clinquant, ce qui est superficiel. Attachons-nous à ce qui est petit, pauvre, bas, modeste, simple, ordinaire. C’est là que l’on reconnaît Dieu. Comme le Christ s’est glissé dans l’eau du Jourdain, comme le Créateur s’est laissé faire par sa création, nous aussi apprenons à laisser Dieu faire.
Deuxièmement, Dieu n’est pas seulement là avec humilité, il opère une transformation par l’Esprit. C’est le sens de la parole de Jean-Baptiste : moi je vous baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit. C’est pourquoi une colombe est présente au baptême. En se plongeant dans le Jourdain, Jésus purifie l’eau et la rend capable de sauver. Il transforme la matière en sacrement du Salut. Il nous faut apprendre dans nos vies à reconnaître les transformations de l’Esprit, c’est-à-dire les passages de la conversion à la sanctification, de l’esclavage à la filiation, de l’Ancien au Nouveau. Dieu transforme le monde : à nous d’adhérer au travail de l’Esprit par notre conversion personnelle, par amour et non par crainte et donc avec beaucoup plus de facilité.
La troisième manière d’agir de Dieu est celle d’un Père plein de tendresse. Nous attendons ou nous imaginons quelque fois un Dieu justicier, qui fasse justice par un acte d’autorité. D’une manière assez déroutante, lors du baptême (c’est différent à la Transfiguration : écoutez-le), le Père prononce des paroles d’une grande douceur : Tu es mon Fils bien-aimé, je trouve ma joie en toi (en Mc). Ce sont des paroles intimes, qui nous révèlent ce qu’il se dite entre le Père et le Fils. C’est presque une déclaration d’amour. Pour nous, il s’agit de se laisser attendrir par Dieu, de se laisser adopter par le Père. Passe de la dureté (technique) à la douceur (filiale).
L’humilité du Christ qui laisse faire, la puissance de l’Esprit qui nous transforme, la douceur du Père qui adopte : humilité, conversion, tendresse, voici trois manière qu’à Dieu d’agir et que nous pouvons reconnaître et mettre en œuvre autour de nous.
Père Grégoire Leroux
supérieur de la maison Saint-Jean-Baptiste à Versailles
présent à la messe de Saint-Maclou le 10 janvier 2021
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