La Trinité des vivants

Le grand nombre de morts dans le camp anglais à la bataille de Malplaquet, a laissé entendre que son chef, le premier duc de Marlborough était mort. Ce qui n’était pas le cas. Etant donné, par ailleurs que la victoire n’était pas nette, et que les anglais ont accepté d’envisager un traité de paix qu’ils refusaient jusque-là à Louis XIV, la voix populaire française a raillé le maréchal d’outre-manche par la célèbre chanson Malbrouck s’en va-t-en guerre.

Pourquoi est-ce que je vous en parle ? A cause de la Trinité !

La comptine dit du grand soldat qui part en guerre : Ne sait quand reviendra… Il reviendra z’à Pâques ou à la Trinité ! et plus loin la mort de Churchill de Malborough est annoncée.

Ainsi, ces temps-ci, les sentiments des uns et des autres à l’issue du premier temps de la crise sont mélangés et il nous faut peut-être regarder finement si, comme les français à Malplaquet, malgré quelques pertes nous avons conservé notre artillerie et surtout, et davantage même si nous avons conservé notre désir de paix, notre volonté de vivre dans la paix, de rechercher celle-ci et de la promouvoir.

La Trinité est passée, et je ne suis toujours pas devin, et donc comme la comptine, ne sais quand reviendra une prospérité économique, le travail pour ceux qui l’ont perdu et une vie politique digne de ce pays.

Ce que je sais, c’est que nous travaillons sur du vivant et donc de l’inattendu, avec une belle part d’inconnu que nous pouvons devancer par l’innovation et les décisions courageuses qu’appellent la navigation quand il est question d’avis de tempête… Je ne suis pas marin pourtant je vois bien qu’il va nous falloir réduire la voilure, je ne suis pas médecin, pourtant je sais qu’il va nous falloir guérir des blessures, je ne suis pas devin pourtant je sais que nous devons envisager des ruptures dans le quotidien de nos activités pastorales comme dans toute notre vie.

Voici pourquoi aussi j’aime la chanson de Malbrouck, parce que je préfère de loin la comptine à la routine, la première m’apportant davantage d’enseignement. L’aventure nous attend, avec de nouvelles pratiques à expérimenter reliant sans cesse davantage la part spirituelle de nos êtres à un solide sens pratique, sans avoir peur d’être pris pour des fous.

Ce sont donc des propositions concrètes que je vous ferai la semaine prochaine dans les épisodes conjoints n° 5 et 6.

Quelqu’un a parlé de mon feuilleton pastoral comme d’un ‘roman fleuve’ : ‘roman’ d’accord car c’est celui de la vie chrétienne dans ses principes : parole de Dieu, adoration et vie auprès des autres comme Jésus à Nazareth. Quant à ‘fleuve’ j’apprécie et revendique l’appellation ; j’aurais été fâché que l’individu ne reconnaisse pas le caractère liquide et vivifiant de mes écrits en ligne, et ne remarque pas que mon propos est de nous conduire à l’océan, là où la navigation est plus exaltante que de traîner une petite coque sur les eaux calmes d’un marigot.

Affrétons notre navire en accueillant dans nos cales sombres la trinité lumineuse comme nourriture de notre charité, lumière de notre navigation et force de notre communion des uns avec les autres.

Humblement vôtre,

Père Hughes

 

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