Vendredi Saint – Homélie du père Édouard – Chemin de Croix

Quand avez-vous pleuré la dernière fois ?

Cette question, et sa réponse, peuvent nous mettre mal à l’aise. Car les larmes sont d’abord un signe de faiblesse, de souffrance, que l’on cache.
Pourtant, nous avons le droit, ce soir, de pleurer, je crois.
Nous en avons peut-être fait l’expérience : quand nous sommes en présence d’une personne de confiance, nous nous permettons de pleurer. Un ami arrive, on se lâche et on se met à pleurer. Les larmes sont donc le signe d’une présence, c’est pourquoi elles sont un cadeau.
Nous avons le droit, ce soir, de pleurer. Des larmes qui sont un don de Dieu.
En ce Vendredi Saint, demandons au Seigneur de pleurer des larmes de contrition, des larmes de compassion, des larmes de consolation et des larmes de conversion.

Des larmes de contrition, d’abord

Nous pleurons souvent sur nous-mêmes, parce que nous sommes déçus, accablés par toutes sortes d’épreuves intérieures ou extérieures ; parce que nous n’en pouvons plus et que nous sommes à bout de force. Régulièrement, nous nous plaignons, nous nous lamentons…
Seigneur, ce soir, nous voulons nous détourner de cette obsession pour nous-mêmes. Nous voulons porter notre regard vers Toi, nous abaisser devant Toi, et pleurer : nous avons beaucoup péché, notre monde a beaucoup péché, nous ne sommes pas dignes de Toi !
Nous savons bien nous-mêmes, que quand on a fait quelque chose qu’on aurait préféré ne pas faire et qu’on a blessé quelqu’un qu’on aime, les larmes, au moment où on les verse, sont une forme de libération, de purification.
Ce soir, avec toute l’Église, nous voulons entrer dans la contrition véritable, laisser jaillir ces larmes qui lavent les yeux, ces larmes qui purifient.
Assister ainsi au miracle de la tristesse, de la bonne tristesse, qui conduit à la douceur.

Des larmes de compassion, également

Ce soir, nous voulons pleurer avec ceux qui pleurent en silence, avec ceux qui se demandent, à la suite du psalmiste, si quelqu’un entend leurs pleurs : « On m’ignore comme un mort oublié, comme une chose qu’on jette. »
Oui, ce soir, nous voulons élargir notre esprit, déchirer enfin l’indifférence effroyable dans laquelle nous sommes enfermés, et rejoindre par nos larmes tous ceux qui pleurent dans leur solitude : les désespérés, les malades, les oubliés, les violentés, les endeuillés… tous ceux que le prophète Isaïe rassemble dans cette figure du Serviteur Souffrant : « Il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? »
Dans la Croix du Christ se rassemblent toutes les douleurs des hommes de tous les lieux, de tous les temps. Nous voulons y communier ce soir, parce que nous sommes de la même famille.

Des larmes de consolation, ensuite

Dans un moment, chacun de nous viendra, dans un geste de dévotion, vénérer la Croix : s’incliner devant la Croix de Jésus, au jour où nous faisons mémoire de sa mort. Toucher la croix, peut-être, et l’embrasser.
Un geste personnel et pudique, inspiré par la foi, et par l’amour du Christ.
Nous pourrons alors verser des larmes avec Jésus : pleurer pour consoler Celui qui a tant souffert de l’ingratitude, de la méchanceté et des blessures que les hommes sont capables de s’infliger les uns aux autres.
« L’amour n’est pas aimé. » Il est inévitable que le croyant cherche à consoler Celui qui a souffert sa Passion. Ce soir, nous voulons Te consoler, Jésus, Toi, le Bien-Aimé de nos cœurs !

Des larmes de conversion, enfin
Saint François d’Assise, saint Dominique, saint Ignace de Loyola, tous les grands saints pleuraient abondamment.
Les larmes de conversion arrivent quand quelque chose dans notre vie est plus grand que nous-mêmes, quand notre vie est touchée par une transcendance. Les larmes de conversion sont des larmes de joie.
Il y a un rapport entre Dieu et les larmes.
Sait-on jamais, au fond, pourquoi on pleure ? Les larmes restent mystérieuses. Don de Dieu, elles viennent de Lui et vont à Lui, quand la charité les traverse. Les larmes nous conduisent à Dieu.
Demandons donc, ce soir, la grâce des larmes. Laissons couler ces larmes qui viennent creuser la pierre de nos cœurs, comme des gouttes d’eau qui, patiemment, érodent la pierre la plus dure.

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Chemin de Croix
de Notre-Dame à Saint-Maclou

 

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