Méditation pour la Toussaint

Méditation de frère Alois, prieur de Taizé (in La Croix nov. 2012)

La fête de la Toussaint nous rappelle que nous sommes entourés, et même portés, par des multitudes de témoins du Christ : ceux qui nous ont précédés, depuis les Apôtres et la Vierge Marie, jusqu’à ceux d’aujourd’hui.

Nous pouvons nous appuyer sur la foi de ceux qui sont venus avant nous. Et nous sommes invités à transmettre à notre tour le trésor de la confiance en Dieu à la génération qui nous suivra.

Dans le Credo, nous disons : Je crois à la communion des saints. Nous sommes dans cette communion et, dans ce sens, la Toussaint est la fête de nous tous. La communion des saints ne réunit pas d’abord ceux qui ont fait de grands efforts pour mener une vie morale sans reproches. En Dieu, elle unit les saints de tous les temps qui ont vécu dans son amitié (cf. Prière eucharistique n° 2).

La sainteté consiste à se tenir près de la source de l’amitié de Dieu. À chacun de nous, le Christ dit : Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis (Jean 15, 15). Le Christ n’est pas venu seulement nous enseigner, mais nous dire : Dieu est tout proche de toi, pour toujours.

Même si notre foi est petite, Dieu ne cesse de nous donner son amitié et de chercher la nôtre. […] Et si le Christ est invisible à nos yeux, nous pouvons pourtant nous confier à sa présence de Ressuscité. Depuis sa résurrection, par l’Esprit Saint, il vient humblement à nos côtés. […]

Cette amitié que Dieu nous offre, nous pouvons la vivre aussi entre nous. Le Christ nous rassemble dans une seule communion, celle de l’Église. Dépassons alors les séparations qui continuent à brouiller l’image de l’Église ! Si nous pouvions tout faire pour qu’il soit plus évident qu’elle est un lieu d’amitié pour tous ! La Toussaint n’est-elle pas comme une célébration de cette amitié ? Ayons le courage de lier amitié en particulier avec les plus démunis. L’attention aux plus abandonnés a une immense valeur dans nos sociétés où tant de personnes se trouvent isolées, incomprises. […]

Frère Roger rappelait que dans chaque aujourd’hui, il y avait une option à faire entre la médiocrité et la sainteté. C’est à chaque instant que nous pouvons répondre à l’appel de Dieu, Soyez saints ! (Lv 19, 2). Opter pour la sainteté ne signifie pas nécessairement faire plus. Le dépassement auquel nous sommes appelés, c’est d’aimer davantage. Et comme l’amour a besoin de tout notre être pour s’exprimer, à nous de chercher, sans attendre une minute, comment être plus attentif à notre prochain. Il y a tant de sainteté cachée, vécue silencieusement ! Et combien d’hommes et de femmes n’en sont pas conscients ! Même sans le savoir, ils ont déjà pris place dans cette grande nuée de témoins qui, depuis Abraham et Marie, ont cru que rien n’est impossible à Dieu (Lc 1, 37).

 

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