Dimanche 17 mai 2020
6ème dimanche de Pâques – Année A
« Je ne vous laisserai pas seuls, je prierai mon Père pour qu’il vous envoie un autre Défenseur » (Jn 14, 16). La première épître de Jean nous rappelle que c’est Jésus notre Défenseur (1 Jn 2, 1). Alors, pourquoi Jésus lui-même nous parle aujourd’hui d’un autre Défenseur ? Resituons-nous dans le contexte.
Les Apôtres connaissent des vexations de toutes sortes en termes de pression morale et de persécution physique, jusqu’au martyre. C’est ce que nous rapporte Pierre (1 P 3, 15-18
[2e lecture]) lorsqu’il évoque son expérience et celle de ses amis qui connaissent une certaine hostilité à cause de leur foi. Pierre leur dit qu’ils n’ont rien à craindre de personne ; il les invite plutôt à garder leur foi. Confiants, les apôtres se rappellent en effet que Jésus est intervenu plusieurs fois en leur faveur. Nous savons qu’il les a protégés contre ses bourreaux au moment de son arrestation : « Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir » (Jn 18, 8). Puisque Jésus est le Défenseur de ses amis, qu’en est-il de cet autre Défenseur ?
L’autre Défenseur, c’est l’Esprit Saint que Jésus nous promet à quelques jours de la Pentecôte.
La version originale de l’Évangile selon saint Jean (en langue grecque) désigne cet autre Défenseur sous le nom de Paraklêtos (Paraclet). Dans l’ancien droit juif, le ‘paraclet’ était un notable connu pour sa droiture, pour sa sagesse. C’est lui qui s’interposait dans un procès pour remettre en cause une condamnation et ainsi obtenir la libération de l’accusé sous sa responsabilité. Ceux à qui Jésus s’adresse comprennent bien ce terme de Paraclet. Aussi, le paraclet de la législation juive de l’époque correspond de nos jours à la fonction de l’avocat.
Concrètement pour nous aujourd’hui, l’évocation du paraclet juif nous conduit à redécouvrir un double élan qui est à la fois intérieur et extérieur.
Tout d’abord, l’élan intérieur consiste à reconnaître le Paraclet – l’Esprit Saint – comme la force qui vient au secours de notre faiblesse et de notre détresse. C’est lui qui vient apaiser notre cœur lorsque le sentiment de culpabilité semble dissimuler la grâce de la miséricorde. C’est lui qui vient souffler à notre oreille des mots valorisants lorsque le monde semble injuste à notre égard. C’est encore lui qui vient produire en nous le fruit de la patience lorsque l’imprévisible épreuve de l’épidémie semble interminable. En un mot, c’est le Feu de l’Esprit qui vient répandre en nous l’éclatante lumière de la sérénité.
La paix intérieure reçue du Paraclet nous pousse ensuite vers un élan extérieur, c’est-à-dire le soutien que nous apportons aux autres. Revigorés au-dedans de nous, nous devenons à notre tour les défenseurs les uns des autres. Défenseurs appelés à secourir les personnes fragiles qui sollicitent notre aide, notre attention. Défenseurs appelés à prendre soin des personnes confrontées à la solitude, à la maladie, au chômage et aux précarités matérielles dues à la conjoncture. Défenseurs appelés à soutenir les victimes d’injustice et de violence, à la suite de Jésus qui défend une femme exposée à la lapidation (Jn 8, 7).
Portés par Jésus notre Défenseur qui nous promet un autre Défenseur, soutenus par Celui qui nous inspire le souci des autres, nous pouvons nous approprier l’ardent témoignage du psalmiste : « Je vous dirai ce que Dieu a fait pour mon âme ; quand je poussai vers lui mon cri, ma bouche faisait déjà son éloge. Si mon cœur avait regardé vers le mal, le Seigneur n’aurait pas écouté. Et pourtant, Dieu a écouté, il entend le cri de ma prière. Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière, ni détourné de moi son amour ! » (Ps 65 (66), 17-20).
Père Fred Olichet Biyela
[Chant : « Jésus toi qui as promis d’envoyer l’Esprit », Communauté de l’Emmanuel (C. Blanchard), Ed. de l’Emmanuel, 2000, https://www.youtube.com/watch?v=GhnQQyCgvVE]
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