Homélie du trente-troisième dimanche ordinaire A :
Savoir prendre des risques, condition sine qua non, pour notre développement personnel et pour la croissance du don de Dieu en nous.
Dieu prend toujours des risques avec l’homme, il a pris le risque de lui confier la création, Dieu lui fait confiance, il lui confie ses talents. Mais l’homme accepte-t-il de contribuer à l’œuvre de Dieu ? L’homme prend-il des risques pour Dieu ?
Lorsqu’il s’agit de faire un choix ou de prendre d’importantes décisions, notre inconscient érige un bouclier, une protection faite de doutes et de croyances, nous poussant à biaiser notre analyse de la situation. Dans l’esprit humain, le risque est largement perçu comme un facteur de troubles. Face à l’engagement qui nécessite l’option pour le choix à faire et donc pour des risques à prendre, la peur de l’échec nous amène à nous replier sur nous-mêmes et nous manquons de libérer nos potentiels pouvant nous permettre d’atteindre un développement personnel.
La parabole de ce dimanche attire notre attention sur le cas du troisième serviteur, qui se juge lui-même. Il savait que son maître lui réclamerait davantage, mais par peur du risque, il s’est refusé à mettre en valeur le bien reçu, en faisant ceci il s’estime juste, d’ailleurs pour manifester sa justice à son maître il lui dit : « tu as ce qui t’appartient », il n’a pas pris de risques avec le talent que le maître lui a confié, insinuant l’injustice de son maître à lui réclamer davantage. Contrairement aux deux autres serviteurs qui ont développé leurs personnalités en libérant leurs potentiels par le travail, prenant des risques, fructifiant le talent reçu du maître, le troisième serviteur, s’est enfermé dans la peur, il est dans la méfiance et le mauvais calcul. Conséquence, il ne s’est pas développé et a manqué de grandir dans sa relation avec le maître.
Le poème biblique dans la première lecture, fait un bel éloge à la femme et décrit ses qualités d’épouse et de mère. Souvent, nous sommes tentés de rechercher loin de nous ces femmes dont nous parlent les saintes écritures, celles qui ont ces qualités, nous les avons dans l’Église et même dans nos familles. Je pense à toutes ces grand-mères qui soutiennent leurs petits-enfants et les accompagnent sur les chemins de la vie et à ces mamans dévouées, qui travaillent de leurs mains pour soutenir leurs époux et pour participer à l’éducation de leurs enfants, sans compter leur générosité à donner à Dieu et aux pauvres. Nous ne pouvons pas oublier l’engagement de certaines femmes, qui donnent généreusement de leur temps à enseigner le catéchisme, à faire l’accueil, à faire du bénévolat dans la vie associative, à faire des fleurs pour l’église ou d’autres services dans la plus grande discrétion. Si la grâce et la beauté sont un charme certain chez la femme, combien décevantes sont-elles si elles ne s’accompagnent pas de toutes ces qualités ! La femme qui reçoit l’éloge dans la lecture sait travailler de ses mains pour prendre soin de sa famille, elle sait prendre des risques.
Le dévouement, l’abnégation et le courage à prendre des risques manquent au troisième serviteur. Cependant, qui est visé derrière ce troisième serviteur ? C’est tous ceux qui, devant le message de l’Évangile refusent les exigences de Dieu et tous ceux qui, refusent de prendre des risques pour leurs frères. Je connais un baptisé qui, après les derniers attentats et toutes les méfiances que certains propos avaient suscité dans notre pays vis-à-vis des musulmans, avait accepté au nom de la fraternité universelle indiquée par le Pape François, de prendre une photo avec un frère musulman, et on lui a dit « … tu prends des risques… » ; toute la vie n’est-elle pas faite de risques ? Dieu prend aussi des risques avec nous, il se livre entre nos mains dans sa Parole et dans le Pain de l’Eucharistie. Avons-nous déjà pris des risques pour le Christ et pour nos frères au nom de l’Évangile ? C’est une disposition intérieure qui nous prépare à accueillir le jour du Seigneur. Sachons prendre des risques pour Dieu et pour nos frères. En cette journée pour les pauvres, prions pour tous ceux qui prennent des risques pour soigner leurs frères, et qui ouvrent leurs cœurs aux pauvres.
Abbé Désiré Coovi
Un commentaire