Elle a tout donné…

Quel détachement ! Mais c’est absurde ! dirons-nous.

Quand il est question de don, nous pensons d’abord à l’argent et à tout ce que nous possédons. Nos biens, ce sont nos petites folies, notre confort, nos plaisirs. En elles-mêmes, ces choses n’ont rien de répréhensible. Ce qui nous enchaîne, c’est que nous y sommes si fortement attachés. Il est tout à fait normal de profiter de la vie, et rien n’est plus sein que le plaisir et le désir. Le problème, c’est notre incapacité à nous détacher de ces choses quand les besoins des autres nous interpellent. On raconte que dans les années 80, une souscription volontaire avait été lancée aux Etats-Unis pour la restauration de la statue de la Liberté. Parmi les enveloppes reçues en figurait une avec deux pièces de 10 cents et le mot d’un jeune garçon qui disait : « C’est l’argent de mon repas de ce jour, mais je l’envoie pour la statue de la Liberté, je vous en prie, utilisez-le avec discernement ». Voilà une version moderne de l’histoire de l’obole de la veuve. Ces jours-ci, nous avons reçu à nos portes des émissaires de ‘’Médecins sans Frontières’’ venus solliciter notre solidarité envers les personnes durement touchées par la crise sanitaire mondiale. Certains se sont montrés sensibles. Mais d’autres n’ont pas osé…Ils sont libres ! L’indice de notre liberté intérieure, n’est-ce cependant pas notre réponse généreuse et spontanée aux besoins des autres ? S’il nous fallait diminuer notre niveau de vie pour le bien de ces plus de trois millions de personnes en France qui sont gravement atteints par la pandémie, aurions-nous la liberté personnelle de le faire ? La pauvre veuve, elle, a tout donné….

Nous pouvons bien sûr nous attacher aussi aux personnes. Dans notre monde à l’envers, la possessivité se déguise souvent en amour. Nous nous accrochons aux gens parce que nous pensons avoir besoin d’eux. Certaines personnes aiment qu’on leur dise : « Que serais-je sans toi ? » Mais l’amour authentique ne se fonde pas sur le besoin. Il n’est pas possessif. L’amour authentique laisse les autres respirer et être eux-mêmes. Être attaché aux autres et dépendre excessivement d’eux, ce n’est pas de l’amour.

Plus que toute autre chose, bien peu parmi nous seraient disposés à donner de leur temps. Comme il nous est facile de tenir à notre temps comme à un bien précieux ! Quand on est vraiment libre on est capable de dire que quelle que soit la personne qui se présente, elle est toujours la bienvenue, et quel que soit le moment où elle vient, elle ne nous dérange pas. C’est ce que nous observons chez Jésus. Il souhaite un moment de tranquillité avec ses disciples, mais des gens le suivent. Jésus est suffisamment détaché pour s’occuper de leurs besoins et remettre à plus tard son moment de tranquillité (Mc 6, 30-34). Il a tout donné…. Et s’est livré, lui-même. Quelle liberté !

Dieu règne !

Père Luc

 

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.