Homélie de monseigneur Lalanne

Homélie de monseigneur Lalanne
lors de la célébration d’ouverture du synode dans le diocèse de Pontoise
Dimanche 17 octobre 2021 en l’église Notre-Dame de Pontoise

Chers amis, pour vivre ce synode sur la synodalité, la place de l’Esprit Saint et de la Parole de Dieu sont essentielles.

En écoutant le récit de la Pentecôte dans les Actes des apôtres, me revenait en mémoire l’échange que nous avons eu avec le pape François, lors de la visite ad limina, le jeudi 23 septembre dernier.

Une matinée complète de partage de notre ministère épiscopal. Et j’ai bien aimé quand il a évoqué les chemins de sainteté. Pour lui, deux qualités sont à tenir ensemble : humilité et audace. Deux qualités à mettre en œuvre quand on se lance dans un synode !

C’est bien l’Esprit Saint qui a rempli les apôtres le jour de la Pentecôte, cet Esprit qui leur a permis de dépasser leurs peurs et leurs appréhensions pour oser raconter publiquement les merveilles de Dieu dans les langues de tous ceux qui étaient venus en pèlerinage à Jérusalem.

C’est bien l’Esprit Saint que nous allons invoquer pour qu’il anime et habite notre démarche synodale. C’est le cœur de ce parcours que nous commençons en communion avec toutes les Églises particulières et en communion avec l’évêque de Rome, le pape François.

Et puis il y a cet évangile de Marc qui vient d’être proclamé : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! ».

Ce synode ne pourra porter du fruit que si la Parole de Dieu est bien au centre de notre démarche, au centre de ce chemin que nous allons parcourir.

Pourquoi Jésus parle-t-il avec cette impatience ? Ne sommes-nous pas autour de lui comme la foule au bord du lac, avide de ses paroles ? C’est parce que nous risquons d’écouter sans entendre.

Comment faire pour que nous entendions vraiment ? En comprenant que Jésus s’adresse à tout notre être : corps, cœur, raison, intelligence.

C’est pourquoi il parle en paraboles, car la parabole s’adresse à une « troisième oreille » en nous. Non pas une paire d’oreilles en plus ! Mais un lieu mystérieux et simple tout à la fois. Un lieu plus familier des enfants que des adultes. Un lieu où écouter devient entendre et entendre devient voir et voir pousse à agir.

Jésus est touché par ces femmes et ces hommes qui le pressent de demeurer avec eux. Mais il est hanté par le risque qu’ils s’installent dans le confort d’une parole qui les berce, le confort de guérisons qui les rassurent et qu’ils finissent par perdre leur vie.

Jésus va au cœur. Il fait confiance à l’homme. Il se met au centre de la Parabole. Le Seigneur est le semeur qui dispense généreusement son bien. La semence, c’est la Parole de Dieu.

Nous sommes la terre, sa terre. La terre qui peut le stériliser ou démultiplier sa parole au centuple. Une terre libre comme il a créé l’homme libre. Mais une terre qui ne peut pas, ne doit pas lui revenir « sans résultat », comme le dit Isaïe.

Faut-il expliquer la parabole ? Jésus le fait lui-même à la suite de ce passage. Nous nous sommes reconnus. Nous avons reconnu notre monde :

  • le politique, le religieux, nos familles,
  • nos vies, nos amours tramés de réussites et d’échecs,
  • nos projets féconds et nos calculs au petit pied,
  • nos envies de pouvoir et nos désirs de servir les autres,
  • nos pulsions de guerre, de mort et nos quêtes de paix…

 

Il y a nos « bords de chemin », nos prudences, notre tendance à éviter d’être là où nous devons être.

Il y a nos « pierres », nos culpabilités et nos aridités, nos sombres secrets, nos apparences et le déguisement de nos lâchetés par les conventions sociales.

Il y a nos « ronces », nos torsions, nos mépris de nous-mêmes qui nous font méchants pour les autres. Les ronces de l’individualisme épais qui mène ce monde où il y a pourtant tant de générosité.

La générosité. C’est cela qui sera victorieux puisque nous croyons au Christ de la parabole, à la terre généreuse que Dieu a préparé dans le cœur de tout homme, où qu’il en soit et quel qu’il soit.

S’il accepte d’entendre. S’il désire se laisser faire par « la gloire que Dieu révèle en nous », comme le dit saint Paul.

« Le semeur est sorti pour semer. » Ce n’est pas comme au spectacle. Ne le regardons pas passer à distance.

Ce synode est un moment favorable. Il est une grâce formidable à saisir, en particulier en ces temps de tempête que traverse notre Église.

Durant tout ce temps synodal, aussi bien dans nos communautés locales qu’au plan diocésain, exposons-nous personnellement et communautairement à la graine qui tombe de ses mains.

Offrons-lui notre meilleure terre et alors ce synode produira de bons fruits, de très bons fruits ! Amen.

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